La voie de l’Alkhesia

Points clés :

  • Alchimie opérative

  • Alchimie spirituelle

  • Alchimie ordinaire

Lorsqu’on parle d’alchimie il est difficile de s’y retrouver, tant cette discipline est protéiforme. L’alchimie se réclame autant de la science que de la philosophie.

Mais que l’on privilégie l’une plutôt que l’autre n’a pas réellement d’importance puisqu’en réalité, on peut dire qu’il y a autant d’alchimies que d’alchimistes. L’alchimie opérative est celle qui s’est le plus développé en occident et qui a posé les bases de la science moderne. C’est aussi celle qui a la réputation la plus sulfureuse. L’alchimie spirituelle est plus discrète, développée essentiellement en orient et ignorée du grand public.

L’ALCHIMIE OPÉRATIVE

Elle fait référence à l’alchimie de laboratoire. Considérée aujourd’hui comme une pseudo science qui tient plus de la magie que de la science proprement dite, Elle a pour but, l’obtention de la pierre philosophale capable de réaliser non seulement la transmutation des métaux grossiers comme le plomb, en métal précieux comme l’or mais aussi de fabriquer l’élixir de longue vie. elle est entourée de secrets, c’est la raison pour laquelle on dit d’elle que c’est une discipline hermétique (en référence à Hermes Trismégiste). Elle suppose la connaissance de plusieurs disciplines comme l’astronomie, la botanique et l’herboristerie, la cristallographie, l’astrologie, la chimie, et bien d’autres

Les différentes étapes de l’alchimie opérative ont pour objectif de révéler, d’extraire et de réintégrer l’AOR (associé à l’esprit de la matière) caché de manière invisible dans la matière grossière (métallique ou végétale) qui aura été longuement purifiée et débarrassée de ses scories. Ce long processus s’appelle le grand oeuvre. Il se réalise dans un laboratoire secret qui pourrait ressembler à un laboratoire de chimie moderne. On y trouve des alambics et un four spécial totalement hermétique que l’on appelle l’athanor.

Dans l’alchimie opérative, il existe 2 voies possibles :

  • la courte  dite voie sèche des hautes températures, très secrète

  • la longue dite voie humide qui utilise des ustensiles de verre et qui est beaucoup moins dangereuse.

Quelque soit la voie choisie, c’est une alchimie difficile à pratiquer et « possiblement dangereuse » pour les personnes non formées à la chimie, puisqu’elle suppose la manipulation de nombreux produits chimiques dont certains extrêmement difficiles à se procurer. La possession d’un alambic et la pratique de la chimie est très réglementée dans de nombreux pays dont la France, pour des raisons évidentes de sécurité. Par conséquent, les alchimistes qui pratiquent l’alchimie opérative sont peu nombreux et ils opèrent généralement dans l’ombre.

En ce qui concerne la fabrication de l’élixir de longue vie, ce sont les arabes qui les premiers ont introduit cette pratique en occident, en documentant les supposées vertus médicinales de la pierre philosophale. En réalité cette pratique a été décrite dans les premiers textes de l’Inde védique et en chine ancienne environ 1500 ans avant notre ère et possiblement avant.

Mais c’est dans l’Europe du 16°siècle qu’elle se développera sous l’égide de Paracelse qui met en place un véritable système de médecine qui se base sur une vision « énergétique » de l’homme. Elle prendra le nom de « Spagyrie » (l’art de séparer et de réunir les principaux constituant des corps).

Cette alchimie opérative donnera naissance au médicaments tels que les teintures, les élixirs et nombre de préparations galéniques.

L’ALCHIMIE SPIRITUELLE

C’est la branche spéculative de l’alchimie. C’est une chimie de l’esprit qui consiste à transformer le psychisme humain en se servant de son propre corps comme « four alchimique ». Particulièrement développée dans le taoïsme qui en pose les fondements que l’on connaît aujourd’hui.

Plus qu’une doctrine c’est une méthode qui vise à éveiller à l’être véritable, authentique, dépouillé de tous les voiles qui dissimulent ce que l’homme est  vraiment.

Elle se situe entre la philosophie, la psychologie et la métaphysique.

L’alchimie spirituelle est une pratique qui consiste à accomplir un chemin personnel de connaissance de soi et de purification intime, afin de renaître sous la forme d’un être nouveau conscient et éveillé.

L’alchimiste est celui qui considère que la matière qu’elle soit minéral, végétale ou animale, contient en elle de manière cachée et amalgamée, la vraie lumière (AOR). La matière est donc à la fois ce qui porte la lumière et ce qui lui fait de l’ombre…

L’alchimie spirituelle à la base est une pratique mystique, qui consiste à retrouver l’état primordial, innocent, spontané, heureux tout en étant consciemment uni à la volonté créatrice de l’univers. L’objectif est de trouver en soi la part divine et immortelle de notre être, d’opérer une transmutation spirituelle, un changement existentiel, une transformation intime de l’homme par l’extension de sa conscience, et l’accès à l’illumination.

L’alchimie spirituelle n’est pas une religion en soit car elle est a-dogmatique, elle n’est que le point de départ de la démarche personnelle. Sur cette base le cherchant devra tracer son propre chemin, sa propre méthode afin de s’unir à lui même (son être véritable) et à ce qui le dépasse.

C’est une pratique gnostique. La gnose vise à la connaissance directe des choses divines et des mystères de l’univers c’est à dire la vérité sur la réalité du grand Tout.

Le point essentiel de cette connaissance est la connaissance de soi-même, de sa nature profonde, de son potentiel, de ses défauts et de ses faiblesses, afin de découvrir, caché au plus profond de soi, un espace de vie et de lumière.

L’Art royal désigne la pratique de l’alchimie dans sa dimension la plus spirituelle. Elle est le parallèle du grand oeuvre dans l’alchimie opérative.

Tout comme l’alchimie opérative, cette mutation implique plusieurs étapes, plusieurs cycles.

Il faut savoir que lorsqu’on entre en alchimie spirituelle, plus aucun retour en arrière n’est possible. L’élève afin de ne pas rester bloquer dans des étapes inconfortables est poussé naturellement vers l’avant.

C’est un travail, souvent d’une vie, qui sera semé d’épreuves parfois longues et inconfortables. Il est bon de garder cela en mémoire. Car entrer en alchimie spirituelle n’est pas un jeu et encore moins un moyen new âge de bien être.

Pendant longtemps l’alchimie spirituelle est demeuré le domaine réservé des mystiques, des ascètes et autres religieux en quête d’illumination. Aujourd’hui une version plus accessible est pratiquée dans des sociétés dites « secrètes » de type franc maçons, rose croix etc… sur la base de ses propres lectures, réflexions et recherches.

Il y a dans l’alchimie spirituelle un fil conducteur essentiel : c’est le fait qu’il faut accepter de mourir pour renaître. Cette mort symbolique consiste à abandonner la partie impure de soi-même, en particulier l’attachement à la matière.

En dehors de ces obédiences, l’alchimie spirituelle se pratique peu par l’homme « commun » car c’est une alchimie qui suppose dans sa forme la plus pure une certaine forme ascèse, qui reste réservée aux mystiques qui s’engagent sur une voie exigeante.

L’ALCHIMIE ORDINAIRE, PHILOSOPHIE ET ART DE VIVRE

Comme je l’ai dit plus haut, il y a autant d’alchimies que d’alchimistes. L’alchimie n’est pas réservée aux mystiques, chimiste et autres adeptes de sociétés secrète;

Nous sommes tous des alchimistes sans le savoir, de bien des façons.

  • nous mangeons et à ce titre nous transformons notre nourriture grossière en éléments plus subtils dont notre corps se nourrit.

  • Nous respirons

  • Nous subissons tous des épreuves dont nous sortons grandit

  • Nous nous adaptons aux conditions extérieurs en permanence

  • Etc…

Il y a donc une forme d’alchimie accessible à tous, parce que l’alchimie est partout autour de nous. Pratiquer cette forme d’alchimie, c’est accepter de voir le monde avec plus d’intensité, c’est faire les choses avec plus de coeur. Lorsque l’on fabrique ses propres cosmétiques, on peut simplement appliquer une recette de cuisine, mais si on y met une intention particulière, alors là on fait de l’alchimie et le résultat en est différent, parce qu’il possède alors une touche de magie, de merveilleux, une lumière particulière.

Cette Alchimie ordinaire, je l’appelle l’Alkhésia. Parce qu’elle s’inspire évidement de l’alchimie opérative et spirituelle, mais aussi de magie et de sorcellerie (dans le sens de pratique des sortilèges). 

Si l’Alkhésia obéis aux même lois de la nature que l’alchimie opérative et spirituelle, elle n’a pas pour ambition la connaissance de l’univers tout entier.

Son principal objectif est de comprendre les bases de son fonctionnement du point de vue de l’approche alchimique pour retisser les liens perdus entre l’homme, lui même et la nature. Retrouver notre capacité à vivre selon nos propres lois en accord et en symbiose avec celle de la nature et non plus uniquement celles des hommes.

La philosophie alchimique considère le monde et l’univers tout entier comme un TOUT cohérent dont les parties (dont l’homme est) se combinent en sympathie. Cela crée un lien inaltérable entre nous, la nature et le cosmos tout entier.

Se lien s’est peu à peu étiolé parce que nous avons totalement abandonné notre pouvoir de discernement à la science et aux marchands qui nous disent ce que nous devons être, manger, porter, respirer, qui ont fait rentrer le corps dans des normes qui en réalité ne représentent pas plus de 5% de la population.

Nous avons oublié notre singularité et notre pouvoir intérieur, c’est à dire notre capacité à décider par nous même.

Il ne s’agit nullement de devenir un mystique (comme dans l’alchimie spirituelle, ce chemin est réservé aux yogi, et autres ascètes qui recherchent l’illumination pour devenir des  bouddha ou des saints), ni de devenir un chimiste comme dans l’alchimie opérative, mais simplement de vivre comme un philosophe de la nature.

Dans l’Alkhésia, au sens de philosophie naturelle, il s’agit simplement d’opérer un recentrage par rapport à soi même et au cosmos, afin de retrouver notre authenticité et notre pouvoir de s’adapter le mieux possible au monde matériel dans lequel nous vivons , sans se perdre soi même. De remettre la magie au coeur de nos existence, pour retrouver notre capacité à voir le monde avec des yeux d’enfant. Ceci afin de surfer le mieux possible la vague de la vie.

Nous sommes des êtres ordinaires qui vivons dans un monde fait d’illusions, de passions, de croyances, de préjugés, de fausses certitudes, de contraintes etc… nous nous croyons libre et autonome, mais en réalité nous sommes prisonnier et limité sans le savoir.

Nous pensons tous avoir notre libre arbitre, pourtant la science comportementale  et les neurosciences ont démontré qu’il existait environ 250 biais cognitifs qui influençaient nos prises de décision.

La voie de l’Alkhésia consiste à faire le deuil de cette partie qui fait écran à notre vraie nature universelle, illimitée. C’est à dire réussir à vivre dans ce monde en harmonie sans le subir. C’est retrouver notre liberté et notre autonomie. Chacun étant libre de placer les curseurs là ou il le souhaite. Il n’y a ici, ni dogme, ni culpabilisation, ni perfection. Il y a des informations et des propositions, chacun étant libre de les expérimenter à sa guise et de garder celles qui lui sont bénéfiques, en accord avec sa nature authentique et les lois de la nature qui l’entoure.

Dans ces temps agités, le spirituel est remis à l’honneur et nombreux sont ceux qui nous invitent à devenir des meilleurs versions de nous même, des gourous (qui sont des mystiques qui se sont arrêté sur le chemin de la sagesse et n’ont pas été au bout de la transmutation spirituelle).

Mais il est illusoire de croire que cela amène une vie heureuse. Il ne peut pas y avoir d’harmonie là ou il y a sacrifices, obligations, injonctions. Et il est encore plus illusoire de penser que l’on peut vivre totalement déconnecté du monde matériel dans lequel pourtant nous évoluons.

Les anciens sages ont l’habitude de dire « que pour monter loin dans les étoiles, il faut avoir les pieds bien ancré sur terre »

Vivre dans un monde spirituel, ce n’est pas vivre. La vie est matérielle, au sens où elle se passe dans la matière.

Notre vie de tout les jour est matérielle qu’on le veuille ou non (ceux qui font le choix de s’en extraire vivent reclus dans des couvents, des temples, des grottes etc…) c’est une autre vie, mais ce n’est pas LA VIE.

L’Alkhésia propose simplement de retisser le lien qui nous unis à notre environnement de façon non pas intellectuelle en mettant la nature sous cloche à coup d’interdiction, mais plutôt en retissant un lien de respect avec elle. En faisant rentrer la poésie et le merveilleux dans la vie. C’est une véritable philosophie de vie à expérimenter.

On ne peut respecter quelque chose en dehors de soi, si l’on ne se respecte pas soi même. De la même façon l’on ne peut pas respecter quelque chose que l’on ne connaît pas.

La connaissance et l’éducation sont la base de la philosophie de la nature. Pour être autonome et libre l’individu doit avoir des connaissances (du savoir qu’il a expérimenté dans son quotidien, dans son être, afin d’exploiter son esprit critique, son discernement pour savoir ce qui est bon ou pas pour lui)

Faite jouer un enfant dans la nature, il n’aura aucunement, plus tard l’envie de détruire ou de salir son terrain de jeu.

Il y a bien sure des contingences dans le monde qui font que de nombreux individus en sont malheureusement encore au stade de la survie, il est bien difficile pour eux de parler de poésie. Néanmoins ceux qui n’ont rien, sont parfois bien plus ouvert que nous à la poésie du monde.

C’est elle qui permet de vivre simplement en fonction de soi et non plus des autres, c’est une aventure palpitante et pleine de surprises.

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